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jeudi 20 avril 2017

Le nouveau format de supermarché

Parmi les premières découvertes de l’expatrié : les habitudes alimentaires. Visite guidée au supermarché pour découvrir à quoi pourrait ressembler le panier “type” de la famille brésilienne.



Expatriation rime nécessairement avec adaptation. Pour moi, elle a commencé dans l’assiette. Pendant les premiers mois, le supermarché a été un véritable terrain d’expérimentation. Premier obstacle à surmonter : le vocabulaire. D’abord pour nommer les produits locaux (parfois des aliments non identifiés qui m’étaient totalement inconnus jusque là) mais aussi pour trouver ce que je cherchais (si toutefois cela existe ici). Le smartphone s’est révélé d’une utilité précieuse pour m’éclairer dans ces moments de désarroi et vérifier rapidement dans un dictionnaire, dans un sens ou dans l’autre (si équivalent dans l’autre langue il y a). Une fois mon panier rempli, aux fourneaux ! Mais au fait, comment ça se cuisine ce légume bizarre ? Là encore, merci Internet et les sites de recettes pour trouver de l’aide et un peu d’inspiration. Avec toujours le dictionnaire à portée de clic bien sûr, pour élargir un peu mon champ lexical culinaire. Les semaines ont passé, et le carnet d’adresses s’est construit petit à petit, selon le budget et les envies.

Apprécier les produits locaux, c’est bien. Mais apprendre à renoncer aux saveurs que l’on aime, c’est plus compliqué. Toute curieuse que je suis, il m’a fallu accepter de vivre sans quelques incontournables franco-français (et apprendre à refréner ces envies qui finissent par une addition salée !) en compensant avec les spécialités locales, et en attendant le prochain arrivage de France pour un ravitaillement en chocolat, fromage ou vin. Me voilà devenue une habituée du rayon des produits soldés (pour cause de date de péremption imminente), où je guette patiemment le chocolat Casino, quasiment un produit de luxe. Bref, un juste équilibre à trouver entre appropriation (de la culture locale), tradition (française) et …improvisation !

Les “basiques” brésiliens… à manger

Penchons nous à présent sur le panier “de base” de la famille brésilienne (cesta básica). Difficile de généraliser évidemment, car comme partout, le contenu du chariot varie grandement selon le pouvoir d’achat, la composition de la famille, le régime alimentaire, etc. Mais quelques tendances semblent se dessiner.

Si l’alimentation diffère selon les régions du Brésil, il y a tout de même un plat “traditionnel” à l’échelle du pays, arroz et feijão (riz et haricots), toujours présents dans les rayons des épiceries ou des grandes surfaces. Plat de résistance du déjeuner, il va souvent de pair avec une viande. Principalement de boeuf, de poulet ou de porc. Un petit peu moins à la mode sans doute ces derniers temps avec les scandales qui ont agité le secteur.

Autre spécialité, le manioc (mandioca), hérité des indiens, utilisé dans de nombreuses préparations : farofa (farine qui accompagne le arroz/feijão), crêpes de tapioca, mandioca frita…Comme sans doute dans de nombreux pays aujourd’hui, les pâtes connaissent un certain succès, et par conséquent la sauce tomate aussi. Côté préparation et assaisonnement, on trouve sel, huile de soja, margarine et beurre parmi les indispensables.

Au rayon fromages, c’est requeijão, sorte de fromage à tartiner, ou fromage tranché mussarela (mais pas vraiment de la mozarella !), le tout sur du pão francês, qui malgré son nom n’est qu’un lointain cousin de notre pain, avec éventuellement du jambon de porc (presunto) ou de dinde (peito de peiru). Au menu du petit déjeuner ou pour une collation légère le soir.

Quant aux fruits, un vrai régal ! Exotiques (banane, mangue, ananas, papaye, maracuja, goyave…) ou venus avec les immigrants (raisin). On apprécie les sucreries et desserts à base de noix de coco (lait ou râpée), de lait condensé ou de doce de leite (confiture de lait). Quelques autres ingrédients pour compléter mon panier “type” : tomates, pommes de terre, oignons, oeufs, sucre ou adoçante (édulcorant), lait (parfois aussi en poudre), biscoito de polvilho (également à base de manioc) et fuba (farine de maïs pour gâteaux et polenta).

…et à boire

Oubliez le thé, ici, nous sommes au pays du café ! Il est d’ailleurs souvent proposé en libre service sur le lieu de travail, dans la salle d’attente chez le médecin, dans une boutique ou offert avec le repas au restaurant. On le consomme noir ou avec du lait, et la plupart du temps sucré. Les boissons gazeuses, refrigerantes, sont les mêmes qu’ailleurs, aux côtés des productions locales, comme par exemple celles à base de guarana, à forte teneur en caféine. On trouve aussi des jus en sachet, poudres à mélanger avec de l’eau, à la mode chez nous à une certaine époque mais aujourd’hui disparues de nos rayons : ça, je vous avoue franchement que je n’ai eu ni l’envie ni le courage de goûter. Des jus de fruits et de l’eau de coco aussi, et pour les boissons alcoolisées, la bière, sans aucun doute !

Après ce modeste aperçu, d’autres billets suivront, car le sujet est riche. Il y a beaucoup à dire sur où l’on mange, comment l’on mange et ce que l’on mange (à part le riz et les haricots !)…
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Au Brésil, les élections pourraient prendre un tournant inédit après un méga scandale

Choqués par le méga-scandale de corruption qui secoue le pays, les Brésiliens pourraient bien tourner le dos à la classe politique traditionnelle et donner leurs voix à des candidats certes atypiques, voire de l'extrême-droite, mais aux mains propres.


La vague anti-establishment pourrait déferler sur les prochaines élections générales de 2018, jugent les analystes.

Une centaine de politiciens de tous bords, dont des figures de la politique, ont été mis en cause la semaine dernière dans le dossier Petrobras, dit "Lavage Express". Le 11 avril, la Cour Suprême a donné son feu vert à l'ouverture de dizaines d'enquêtes: au moins un tiers des ministres du président Michel Temer et du Sénat sont dans le collimateur de la justice, ainsi qu'une quarantaine de députés.

Ces nouvelles accusations proviennent des confessions d'ex-cadres du géant du BTP Odebrecht, au coeur du vaste système de trucage systématique des marchés publics qui avait détourné plus de 2 milliards de dollars de la compagnie pétrolière d'Etat Petrobras depuis le début des années 2000.

La plupart des hommes politiques cités sont soupçonnés d'avoir reçu des pots-de-vin d'Odebrecht pour financer leurs campagnes, mais certains sont aussi visés pour blanchiment d'argent et association de malfaiteurs.


Donald Trump brésilien

Les Brésiliens "veulent du changement", a assuré David Fleischer, professeur émérite de l'université de Brasilia, qui fait le parallèle avec la victoire du Brexit au Royaume-Uni et celle de Donald Trump aux Etats-Unis.

"Cela ouvre d'énormes possibilités à ceux qui peuvent dire 'Je ne suis pas un politicien, je n'ai jamais été un homme politique'", a-t-il ajouté.

La déferlante est d'une telle ampleur qu'elle éclabousse à différents degrés les cinq ex-présidents de la République encore vivants depuis la fin de la dictature en 1985.

Ainsi l'icône de la gauche brésilienne, Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010), pourrait voire ses chances de briguer à nouveau la présidence fortement compromises par les cinq affaires de corruption dans lesquelles il est cité.

S'il figure toujours en tête des sondages, dont celui de CNT en février, qui lui accordait 30,5% des intentions de vote, une condamnation à de la prison ferme ou à une peine d'inéligibilité l'écarteraient du jeu politique.

Si les électeurs brésiliens décidaient de confier leur voix à un outsider aux mains propres, le nouveau maire de la mégalopole Sao Paulo, Joao Doria, pourrait en être le grand bénéficiaire.

Immensément riche, ce spécialiste de la communication a présenté la version brésilienne de "The Apprentice", l'émission de téléréalité animée de 2008 à 2014 par Donald Trump.

Sous les couleurs du Parti social-démocrate brésilien (PSDB, centre droit), il a ravi la capitale économique du Brésil au Parti des Travailleurs (PT) de Lula. Sans s'être encore déclaré candidat à la présidentielle, il est déjà crédité de 5% des intentions de vote, selon le dernier sondage publié mardi par Vox Populi.

Propos ouvertement homophobes

Les Brésiliens pourraient également se tourner vers le député Jair Bolsonaro, célèbre pour son éloge d'un tortionnaire et de la dictature militaire (1964-1985) devant des millions de téléspectateurs, en 2016, lors de la procédure de destitution de l'ancienne présidente Dilma Rousseff.

Outre ses propos ouvertement homophobes, il est également connu pour sa violente diatribe contre une députée du PT, Maria do Rosario. En 2003, il l'avait traité de "salope" en hurlant, et en 2015, il lui avait lancé: "Je ne te violerais pas. Tu ne le mérites pas".

Bolsonaro, qui ne figure pas sur la liste des politiciens soupçonnés de corruption, est vu par certains comme l'homme fort qui pourrait assainir le paysage politique.

"Nous devons stopper l'hémorragie de corruption", affiche-t-il sur son profil Twitter.

Dans le sondage de février comme dans celui de mardi, il réunit 11,3% des intentions de vote.

Le ressentiment de la population pourrait également se matérialiser lors des législatives de l'an prochain, à l'image des municipales de fin 2016, véritable hécatombe pour le PT.

"Une crainte est en train de se répandre parmi les membres des partis brésiliens traditionnels : que l'opération Lavage Express détruise le système politique tel qu'ils le connaissent", a écrit mardi le cabinet d'analyse Stratfor.
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Brésil : l’opposition demande la démission de huit ministres soupçonnés de corruption


Le Parti des travailleurs (PT) du Brésil a demandé mercredi à la commission d’éthique de la Chambre des députés de limoger huit ministres faisant l’objet d’une enquête pour corruption devant le Tribunal suprême fédéral (TSF).
Le groupe parlementaire PT à la Chambre a estimé dans un communiqué que ces ministres devaient partir dès que possible pour cause de conduite administrative inappropriée et de violation des codes d’éthique. Pour le député Robinson Almeida, ces ministres « ont perdu tout statut moral dans l’exercice des fonctions qui sont les leurs ».
Ces ministres du gouvernement du président Michel Temer font l’objet d’investigations dans le cadre de la vaste campagne anti-corruption appelée Lava Jato (Lavage express), qui s’est déjà soldée par l’interpellation de dizaines d’hommes politiques et de cadres d’entreprises impliqués dans le scandale Petrobras.
L’enquête vise notamment des faits de corruption active et passive, de blanchiment d’argent ou encore de passation illégale de marchés publics.
Le TSF a ouvert la semaine dernière de nouvelles enquêtes visant ces ministres et plus de 70 députés dont les noms ont été cités par des cadres du géant brésilien du BTP Odebrecht comme ayant reçu des pots-de-vin ou détourné des fonds publics pour financer leur campagne électorale.
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mercredi 19 avril 2017

SCANDALE DE LA VIANDE AVARIÉE : LE BRÉSIL DONNE QUITUS À L’UN DE SES PLUS GROS EXPORTATEURS


Le gouvernement gabonais, cependant, n’a pas encore donné son autorisation pour la reprise des importations des produits carnés en provenance du Brésil, suspendues depuis le 28 mars 2017.

BRF, l'un des plus grands exportateurs de volailles au monde, a annoncé, le 8 avril dernier, par un communiqué de presse, que la compagnie a reçu l’autorisation officielle du ministère de l'Agriculture, de l’Elevage et de l’Alimentation (MAPA) du Brésil pour reprendre la production des produits de dinde et de poulet à l’usine de Mineiros. L'autorisation, indique la compagnie, a été obtenue après avoir fourni toutes les informations pertinentes concernant les procédures de qualité et de sécurité, ainsi qu'un contrôle mené par le gouvernement brésilien.

L'usine de Mineiros a rouvert, le 10 avril dernier, et la production a repris le lendemain, après la préparation des chaînes de production. Cependant, suite à ce communiqué, le gouvernement gabonais n’a pas encore donné son autorisation pour la reprise des importations des produits carnés en provenance du Brésil, suspendues le 28 mars 2017. Par mesures de sécurité, l’Agence gabonaise de sécurité alimentaire (Agasa) avait indiqué, le 30 mars dernier, avoir déjà saisi, à titre conservatoire, 5 containers de 27 tonnes.
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La justice bloque la vente d'un champ pétrolier à Statoil


Rio de Janeiro - La justice brésilienne a suspendu lundi soir la vente par la compagnie pétrolière d'État Petrobras d'un champ en eaux profondes au norvégien Statoil, une opération de 2,5 milliards de dollars.

Les deux entreprises ont annoncé mardi qu'elles feraient appel de cette décision, issue d'un procès intenté par la Fédération Nationale des Pétroliers (FNP), syndicat qui a dénoncé l'absence d'appel d'offres dans l'opération.

En juin dernier, Petrobras a signé un accord pour la vente à Statoil de 66% de sa participation dans le bloc d'exploration BM-S-8 du champ de Carcará (Sao Paulo).

Une transaction qui fait partie de sa stratégie de vente d'actifs pour rembourser sa dette et financer de nouveaux investissements.

La compagnie brésilienne a affirmé dans un communiqué que l'opération, finalisée en novembre, remplissait "toutes les conditions" prévues par la loi et a indiqué qu'elle prendrait "toutes les mesures judiciaires appropriées".

Petrobras précise par ailleurs avoir déjà reçu la moitié du produit de la vente (1,250 milliard de dollars), une somme utilisée "intégralement pour liquider une partie" des dettes.

Erik Haaland, porte-parole de Statoil, a exprimé pour sa part sa "confiance en la réalisation la transaction", précisant que le groupe analyse "plusieurs options légales".

Petrobras est au coeur d'un méga-scandale de corruption qui secoue actuellement la politique brésilienne, des malversations ayant coûté plus de deux milliards de dollars à la compagnie.
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Le FMI ne prévoit pas de reprise avant 2018

Rio de Janeiro (awp/afp) - Le FMI a maintenu mardi une prévision de croissance quasi-nulle pour le Brésil en 2017 (0,2%), n'envisageant la reprise qu'en 2018 (1,7%), alors que la première économie d'Amérique Latine s'est contractée pour la deuxième année de suite en 2016 (-3,6%), la pire récession de son histoire.
En janvier, le Fond monétaire international prévoyait déjà une croissance de 0,2% pour 2017 (contre 0,5% en octobre), mais était légèrement plus pessimiste que ce mardi en ce qui concerne 2018 (1,5%).
En mars, le gouvernement brésilien avait revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2017 (0,5% contre 1% en novembre), mais s'attendait à une reprise nettement plus franche que le FMI en 2018 (2,5%).
"Le rythme de la contraction a diminué, mais les investissements et la production continuaient à chuter fin 2016, alors que la crise fiscale de certains États continue à s'approfondir", explique le FMI dans son rapport mondial.
Plusieurs États brésiliens, notamment celui de Rio de Janeiro, sont au bord de la faillite et les fonctionnaires accumulent parfois plusieurs mois de salaires impayés.
"La reprise progressive dépend d'une réduction des incertitudes politiques, d'un assouplissement monétaire et de l'avancement des réformes", selon le Fonds.
"Des réformes pour accélérer la croissance potentielle sont nécessaires non seulement pour améliorer le niveau de la vie de la population après la profonde récession, mais aussi pour faciliter la consolidation fiscale", conclut le rapport.
La chute récente de l'inflation a permis à la banque centrale d'accélérer ces derniers mois la baisse du taux directeur, passé de 14,25% en octobre à 11,25% le 12 avril.
Le gouvernement tente pour sa part de faire passer une série de mesures d'austérité pour sortir le pays de la crise.
Mais l'incertitude politique a repris de plus belle la semaine dernière, avec les derniers rebondissements du méga-scandale de corruption qui secoue le pays, notamment le feu vert donné par la Cour suprême à l'ouverture d'enquêtes visant notamment huit ministres du gouvernement.
La crise politique menace l'avancement des réformes, notamment celle du système de retraites, en discussion actuellement au Parlement.
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mardi 18 avril 2017

Argent, travail et terre: la marchandisation et le capital transnational


Dans des conditions de température et de pression normales, cette époque de l’année serait à la préparation de la politique agricole conventionnelle du «Plan-Récolte 2017-2018», basé essentiellement sur du crédit subventionné et sur divers arrangements visant à sa commercialisation (assurances de prix, crédit, règles de commercialisation de la récolte etc.).

Dans la conjoncture économique et politique actuelle, fortement conditionnée par la crise fiscale, les arrangements autour du «Plan-Récolte» sont secondaires. L’argent pour le crédit continue à se faire rare, parce que le système bancaire est surchargé de portefeuilles marqués par une insolvabilité potentielle de secteurs non négligeables de l’industrie et de la construction d’infrastructures, alors que le Trésor de l’Union révèle une difficulté croissante à maintenir le niveau de subventions allouées au «Plan-Récolte» sur la période 2000-2014 (le crédit rural a augmenté à des taux réels – inflation déduite – de 9,5% par an environ, avec une subvention financière en parallèle).

Dans la conjoncture actuelle, qui est placée sous le signe de la propagande et du marketing au jargon totalitaire («l’agro, c’est tout»), un nouvel arrangement de la politique agricole et agraire est en train d’être concocté par le gouvernement de Temer [1] et le Congrès. Cet arrangement se propose, en résumé, de déstructurer radicalement les appareils régulateurs qui, dans l’ordre légal, protègent encore le travail humain et les ressources de la nature (terre) contre leur complète «marchandisation». Cette soumission sera confiée par tous les moyens aux mains du capital-argent (majoritairement externe), qui interviendra sans limite aucune dans la réalisation d’un nouveau projet d’économie politique.

C’est dans ce sens, mais en la remettant en question, que je me propose d’interpréter la véritable furie de production législative du gouvernement Temer, qui œuvre en lien intime avec le bloc ruraliste [très influent] du Congrès, un aspect qu’il ne m’est malheureusement pas possible de détailler dans cet article.

Sous le manteau de la complète «marchandisation» de la terre, le gouvernement dirige au travers de la Mesure provisoire 759-2016 une ample opération à caractère national de régularisation foncière» rurale et urbaine, ce qui constitue un subterfuge pour légaliser l’accaparement de terres en marge de l’ordre constitutionnel.

Mais dites-vous – et l’on doit bien cela à la vérité – que ce processus n’est pas nouveau: il s’est produit sous le gouvernement Lula [janvier 2003-décembre 2010] pour la région amazonienne (MP 458/2008), et sous le gouvernement Dilma Rousseff [janvier 2011-31 août 206, date de sa destitution], au travers de la Loi 13.178-2015 de «régularisation foncière dans les zones frontières», loi adoptée en marge du ministre du Développement agraire d’alors, Patrus Ananias. Cette loi fait d’ailleurs l’objet d’une Action directe en Inconstitutionnalité devant le Tribunal fédéral suprême (ADIn 5.623), présentée par la CONTAG [Confédération nationale des travailleurs de l’agriculture].

L’ingrédient nouveau dans la stratégie de «marchandisation totale», et cela dans la droite ligne du slogan «L’agro, c’est tout», réside dans la dimension d’internationalisation du marché des terres, maintenant en phase avancée de «combinaison» entre Eliseu Padilha, le ministre de la «Casa Civil» [l’équivalent d’un premier ministre] et le représentant ruraliste Nilton Cardoso Junior [PMDB, Parti du mouvement démocratique brésilien, comme Michel Temer], le Rapporteur du projet de Loi 4.059-201113 (en phase de votation à la Chambre fédérale).

Ce qui constitue le but avoué de tout cela, c’est d’ouvrir intégralement au capital étranger la possibilité d’acheter et de louer des terres au Brésil, et cela (dans le projet de départ, explicite) sans aucune limitation quant à la localisation ou à la quantité. L’attente des promoteurs de cette initiative est de «chauffer»» le marché des terres agricole, momentanément paralysé par la crise budgétaire et la crise des commodities.

Sur la question de l’agenda régressif pour ce qui touche à la protection du travail en général et au travail agricole en particulier, citons brièvement la contre-réforme de la Prévoyance sociale prévue dans le PEC 287/2016 [abordée dans divers articles antérieurs], qui consiste en l’élaboration de nouvelles règles de sous-traitance des relations de travail et de projets de réforme du Code du travail. Je ne m’arrêterai que sur l’un d’eux, à savoir le Projet 6.442/2016 du député ruraliste [PSDB du Matto Grosso] Nilson Leitão (il traite spécifiquement du travail agricole). Ce texte, qui a maintenant le privilège d’être traité en Commission spéciale, par déférence de la part du Président de la Chambre [Rodrigo Maia, Démocrate, de Rio Janeiro, avec une carrière dans la banque], substitue de manière avouée à la CLT [la Consolidação das Leis do Trabalho, le code du travail brésilien] des règles contractuelles directes [entre salariée et employeur], consacrant ainsi l’inégalité comme règle à faire prévaloir.

La nécessité d’autoprotection de la société contre la tendance endogène du système économique à vouloir «marchandiser», déréglementer et «déprotéger» les êtres humains et la nature elle-même replace en plein XXIe siècle un phénomène originel des débuts du capitalisme, qui a été analysé dans «La Grande Transformation», le grand classique de Karl Polanyi. Cela signifie qu’il faut aujourd’hui se protéger contre la barbarie totalitaire du capital argent, qui ne connaît absolument aucune limite.

Heureusement, la société commence à percevoir cela et à réagir contre la profondeur et l’extension du coup régressif qui s’articule dans cette stratégie actuellement à l’œuvre. La radicalisation régressive actuellement en cours doit être connue, contenue, renversée et probablement que cela exigera à court terme un affrontement à la hauteur du défi qui nous est posé. (Aricle publié dans Correio Da Cidadania, le 12 avril 2017; traduction A l’Encontre)

[1] Un nouvel épisode de corruption a éclaté mi-avril 2017. Les «affaires» sont liées aux fabuleuses constructions pour le Mondial de foot et les Jeux olympiques. Deux événements qui sont organisés par des entités ayant le privilège d’avoir leur siège à Zurich (FIFA) et à Lausanne («ville olympique»). Selon l’ancien numéro un d’Odebrecht (BTP) et l’instruction, huit ministres du gouvernement de Michel Temer, 24 sénateurs, 37 députés, trois gouverneurs, les présidents du Sénat et de la Chambre des députés et les dirigeants des principaux partis sont impliqués dans ces affaires de corruption. Le président de la République Michel Temer dément – oui! – l’accusation de corruption au profit de son parti politique, le PMDB. Fin 2016, un autre géant du BTP brésilien, Andrade Gutierrez, avait reconnu être un acteur du cartel visant à truquer les marchés d’attribution des travaux de construction ou rénovation «d’au moins cinq stades» du Mondial 2014 de football. (Réd. A l’Encontre)
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Casino ralentit au premier trimestre avec le Brésil mais confirme ses objectifs

PARIS (Reuters) - Casino a confirmé ses objectifs financiers 2017 malgré une croissance organique ralentie au premier trimestre en raison d'une nette décélération au Brésil.



Les ventes du distributeur ont totalisé 9,32 milliards d'euros, enregistrant une hausse de 11,6% en données publiées, dopée par l'évolution favorable des taux de change.
A change constants, hors essence et effets calendaires, elles ont limité leur progression à 3,1%, après une hausse de 5,1% au quatrième trimestre de 2016.
En France - dont le poids est devenu crucial depuis la cession des très rentables actifs asiatiques pour désendetter le groupe - les ventes ont maintenu leur faible croissance de 0,2% à magasins comparables, dans un environnement concurrentiel toujours difficile.
La dynamique, qui s'est dégradée dans les hypermarchés Géant (les ventes ont baissé de 1,9% avec une baisse à deux chiffres dans le non alimentaire), a été compensée par les solides performances de Monoprix (+2,1%), tirée par la livraison express dans l'alimentaire et par le textile, et par celles de Franprix (+1,4%) qui profite de la rénovation de son parc de magasin passés sous le concept "mandarine".
Au Brésil les ventes de la filiale GPA, numéro un brésilien de la grande distribution, ont vu leur croissance limitée à 5,8% en comparable, après une hausse de 7,9% au 4e trimestre 2016, pénalisée par la baisse de l'inflation alimentaire.
"Nos chiffres confirment notre plan de marche pour réaliser nos objectifs de progression de notre rentabilité", a déclaré Antoine Giscard d'Estaing, directeur financier du groupe, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.
Le distributeur s'est fixé pour objectif de faire progresser son résultat opérationnel courant (ROC) cette année d'au moins 10%, à changes courants et d'environ 15% en France, dans l'alimentaire seulement.
Antoine Giscard d'Estaing s'est refusé à toute indication sur la cession de ViaVarejo, filiale de produits électroniques de GPA, dont la procédure de vente a été lancée en novembre 2016, précisant simplement que l'enseigne poursuivait son redressement, profitant d'un environnement plus favorable lié à la baisse de l'inflation et des taux d'intérêt.
"Il n'y a aucun pression sur l'actif et sa valeur intrinsèque ne peut que s'améliorer", a-t-il précisé.
En Bourse, le titre Casino cède 0,79% à 51,58 euros à 9h41, alors que le SBF 120 est en léger recul (-0,63%) au même moment.
"Ces chiffres ne devraient pas sensiblement modifier le sentiment du marché sur Casino", soulignent les analystes de Raymond James, pour qui la confirmation des objectifs témoigne de l'approche jugée prudente du groupe concernant l'évolution de sa rentabilité.
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lundi 17 avril 2017

USA: Amende de 2,6 milliards de dollars pour le brésilien Odebrecht pour corruption

NEW YORK (Reuters) - Un juge américain a condamné lundi la firme brésilienne d'ingénierie du BTP Odebrecht et la société pétrochimique Braskem à verser un total de 2,6 milliards de dollars (2,4 milliards d'euros) dans le cadre du règlement d'un vaste scandale de corruption.


Lors d'une audition du tribunal fédéral de Brooklyn, le juge Raymond Dearie a précisé que 2,39 milliards de dollars iraient aux autorités brésiliennes, 116 millions à la Suisse et 93 millions aux Etats-Unis.
Fin décembre, Odebrecht et Braskem avaient plaidé coupable dans ce dossier devant le tribunal de Brooklyn. Il était alors question d'un total des amendes pouvant dépasser les trois milliards de dollars pour mettre fin aux poursuites.
Les charges retenues contre les deux entreprises sont liées à leur implication dans le dossier de corruption lié au groupe public pétrolier brésilien Petrobras, qui secoue la classe politique du pays et qui a déjà entraîné des dizaines d'arrestations.
Selon un témoignage cité samedi par la presse, Odebrecht a versé un total de 3,3 milliards de dollars de pots-de-vin entre 2005 et 2014.
(Brendan Pierson à New York, avec la contribution de Guillermo Parra-Bernal à Sao Paulo, Benoît Van Overstraeten pour le service français).
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dimanche 16 avril 2017

LE BRÉSIL EST LE PREMIER PAYS QUALIFIÉ POUR LA COUPE DU MONDE 2018

FOOTBALL – Le Brésil est déjà assuré de jouer le Mondial 2018 en Russie, grâce à sa victoire mardi contre le Paraguay (3-0), conjuguée à la défaite de l’Uruguay face au Pérou (2-1).




Il y aura 32 équipes en Russie qui ferrailleront, du 14 juin au 15 juillet 2018, pour atteindre le Graal, le trophée Jules-Rimet, que soulèvent les vainqueurs de la Coupe du monde. Outre le pays hôte, on connaît désormais un autre participant, la première sélection sportivement qualifiée pour la grand-messe : le Brésil. Certes, les quintuples champions du monde ne ratent jamais le coche des éliminatoires, mais ils signent là une sacrée performance, car la zone sud-américaine est particulièrement dense, et généralement très disputée.





En surclassant le Paraguay (3-0) mardi soir, les hommes de Tite ont signé leur 8e victoire de rang, du jamais-vu dans la riche histoire de cette équipe. Résultat qui leur assurait déjà de finir dans les cinq premiers. Mais la défaite de l’Uruguay, plus tard au Pérou (2-1), leur offre même une qualification directe et définitive, à quatre journées de la fin des éliminatoires, avec 11 points d’avance sur la 5e place, synonyme de barrages. Qu’occupe actuellement… l’Argentine.
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samedi 15 avril 2017

Lava Jato : l’ampleur de la corruption au Brésil s’affiche en vidéo

Les auditions judiciaires des cadres du groupe de BTP brésilien Odebrecht arrêtés dans le cadre de l’enquête Lava Jato ont été rendues publiques. Elles éclaboussent toute la classe politique.

Capture d’écran d’une vidéo, publiée le 12 avril, de l’audition judiciaire de l’ancien patron du groupe de bâtiment et travaux publics Odebrecht, Marcelo Odebrecht

Un clic suffit désormais pour voir défiler en vidéo l’ampleur de la perversion du système politique brésilien : des dizaines et des dizaines d’heures d’auditions judiciaires rendues publiques, mercredi 12 avril, dans lesquelles les cadres du groupe de bâtiment et travaux publics (BTP) Odebrecht, au cœur du plus grand scandale de corruption de l’histoire du pays, confient aux enquêteurs les détails des échanges de mallettes et les faveurs rendues aux caciques de Brasília. "Le système politique brésilien est pourri et dysfonctionnel", résumait jeudi 13 avril, dans la Folha de Sao Paulo, l’éditorialiste Matias Spektor.

Vingt-quatre heures après la révélation de l’ouverture d’enquêtes impliquant la quasi-totalité de l’élite politique brésilienne, suspectée de corruption, la Cour suprême lève le voile sur ce que les médias qualifiaient de "délation de fin du monde" : les enregistrements de près de 80 cadres d’Odebrecht, prévenus dans le cadre de l’enquête "Lava Jato" ("lavage express"), l’opération qui a mis au jour l’affaire de corruption liée au groupe public pétrolier Petrobras. Dans un pays de culture orale, comme le Brésil, le son et image donnent à ces aveux un impact retentissant.

Dans l’un des extraits, Marcelo Odebrecht, héritier du groupe du même nom, confirme ce que tous suspectaient : "Il n’existe pas un politicien élu sans caisse noire."


Oh chef, tu vas avoir une surprise

Toutes les grandes figures de Brasília sont éclaboussées, notamment celle de Luiz Inacio Lula da Silva, président de 2003 à 2010. L’ancien syndicaliste, surnommé "Amigo" ("ami") par Odebrecht, aurait reçu pour ses proches, le Parti des travailleurs (PT, gauche), ses alliés, quelque 40 millions de reais (12 millions d’euros) à la fin de son second mandat.

Le père de Marcelo Odebrecht, Emilio, qui avait confié par écrit qu’il avait alerté Lula de la voracité grandissante de son entourage, décrivant une meute d’alligators la "gueule ouverte" se transformant en crocodiles, détaille en riant sur sa vidéo qu’un alligator est moins gourmand qu’un crocodile. A cela s’ajoutent ses révélations sur les travaux de rénovations d’une résidence de villégiature à Atibaia, que le "Bouygues brésilien" aurait financé à la demande de l’épouse de Lula. "Oh chef, tu vas avoir une surprise", aurait dit Emilio à Lula.

L’actuel président, Michel Temer, aurait, lui, réclamé, le 15 juillet 2010, lors d’une rencontre à son bureau de Sao Paulo, pas moins de 40 millions de dollars, affirme Marcio Faria, un cadre d’Odebrecht. "Au cours de cette réunion, j’ai été impressionné par l’aisance avec laquelle on parlait de “contribution partisane”, sur ce qui était en réalité des pots-de-vin", ajoute par écrit l’ancien salarié.


Je n’ai pas peur des faits

Dilma Rousseff, présidente destituée en août 2016, n’est pas épargnée. "Lula, comme Dilma, avaient connaissance du montant, peut-être pas de la valeur exacte mais de la dimension de notre appui", assure Marcelo Odebrecht. Dans la litanie de politiciens achetés, Aecio Neves, candidat malheureux à la présidence de 2014 pour le Parti de la social-démocratie brésilienne, opposant du Parti des travailleurs, figure lui aussi parmi les récipiendaires de dessous de table millionnaires.

Des confessions "invraisemblables", s’est offusqué Lula, déjà inculpé dans le dossier. L’ancien chef d’Etat ne masque toutefois pas un certain soulagement dans ce grand déballage, qui ne vise plus seulement son parti et ses alliés. "Les masques tombent, mais j’aurais voulu que ce ne soit ni le PT ni personne."

Dans la soirée de jeudi, après une réunion de crise à Brasília, Michel Temer s’est exprimé dans une vidéo officielle : "Je n’ai pas peur des faits. Ce que je n’aime pas, c’est le mensonge." Le président, très impopulaire, paraît aujourd’hui totalement disqualifié pour imposer son agenda de réformes structurelles prévu avant l’élection de 2018, confirmant l’image parfois utilisée d’un "président zombie".
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vendredi 14 avril 2017

Rio à l’heure du carnaval

Célèbre dans le monde entier, le défilé des écoles de samba de Rio attire la foule chaque année, du Brésil et d’ailleurs. Au programme, fête et compétition, imagination débridée et exubérance.



Dans mon dernier billet, je vous faisais partager un peu de cette incroyable ambiance qui anime nuit et jour les rues de Rio pendant le carnaval. Mais Rio, c’est bien sûr aussi le Sambodrome qui accueille le défilé des 12 meilleures écoles de samba de la ville. Celles-ci s’affrontent lors de deux soirées consécutives, devant des dizaines de milliers de spectateurs. Récit.
Un spectacle qui se mérite : l’achat (épique) des billets

Bien décidée à vivre pleinement l’expérience de ce premier carnaval, je me lance dans le processus d’achat des billets dès le mois de janvier, soit plus d’un mois avant le carnaval. J’effectue quelques recherches et je décide finalement de ne pas passer par une agence de tourisme, mais de les prendre directement à la Liga Independente das Escolas de Samba (Liesa). Rien de bien compliqué a priori. Mais, première information importante : pas de vente en ligne et pas de vente directe non plus à Rio. Renseignements pris, tout se fait par téléphone.

Là, ça se complique pour moi : il me faut donc appeler, en espérant qu’avec mon portugais hésitant je puisse faire une demande claire et que je comprenne bien en retour toutes les consignes… Mais problème : aucun de mes appels au call center n’aboutit. J’imagine déjà le standard débordé et la perspective d’avoir des places s’éloigner. Misère, c’est moi qui suis chargée de les acheter pour plusieurs amis !

Le service des informations que, par contre, j’arrive miraculeusement à joindre, m’explique que je ne compose tout simplement pas le bon indicatif. Ah, ben voilà… Effectivement, il y a quelques subtilités dans le système téléphonique local que je ne maîtrise pas encore. Je vous résume : tout dépend de là où vous vous trouvez, de là où vous voulez appeler et de votre opérateur… Bref, me voilà prévenue. Victoire, j’obtiens enfin le call center, où très aimablement on m’explique que je suis en train d’effectuer une réservation qui ne sera validée qu’une fois le paiement reçu (ça, j’ai très bien compris !). Pas question de payer par téléphone, il faut faire un dépôt à la banque. Mais pas dans n’importe quelle banque évidemment, uniquement en cash et dans le délai imparti (soit un jour)… Ça tombe bien, je suis en vacances.

Il me faudra ensuite patienter (seulement) une dizaine de jours pour recevoir enfin le courrier électronique tant espéré, avec LA confirmation définitive.
Jusqu’au bout de la nuit

Ultime étape : retirer les billets à Rio avant/ou le jour J. Autant dire du gâteau…Une fois nos précieux sésames en main, nous faisons quelques emplettes pour compléter notre équipement pour la soirée : capa de chuva (poncho en plastique) et almofada (coussin) jetable. Il est 22 heures. Hymne national repris par la foule, puis Cidade Maravilhosa, hymne de la ville de Rio. La compétition peut commencer.

Six écoles se succèdent, chacune ayant soixante-quinze minutes pour sa prestation, et nous tenons vaillamment le coup jusqu’au bout. Beija-Flor, la dernière école, commence sa parade alors que le jour se lève… Les thèmes choisis sont variés et parfois engagés, comme c’est la cas pour l’école Imperatriz Leopoldinense, qui a souhaité mettre en avant les tribus indiennes et les travers de l’agrobusiness qui les menace.

Musique entraînante des baterias, exubérance des costumes, profusion de couleurs (avec une bonne dose de plumes et de paillettes), originalité des mises en scène et des chars : le spectacle est extraordinaire et total. Émerveillés, nous nous laissons gagner par l’enthousiasme de nos voisins dans les gradins, qui entonnent la chanson officielle de chaque école.

Beaucoup de choses, cependant, nous échappent. Nos yeux de néophytes ne voient pas les fautes commises et ont bien du mal à évaluer les différents critères pris en compte par les juges. Peu importe ! Nous quittons le Sambodrome au petit matin, mi-grisés mi-épuisés. Puis, après un énorme petit déjeuner plus que mérité, extinction des feux à 7 h 30…



Le spectacle à tout prix

Deuxième soirée. Nous avons cette fois-ci prévu notre ravitaillement. Parmi les six écoles qui défilent, mon coup de cœur sera pour Mocidade Independente, qui a choisi le thème des “Mille et une nuits de Marrakech”. Évidemment, après quelques années passées au Maroc, je suis particulièrement emballée par cette parade, qui revisite les contes orientaux (pas franchement marocains, soit dit en passant) avec une touche brésilienne. Théières, porteurs d’eau, vendeurs du souk, Aladin et Sindbad : le résultat est un curieux et plaisant mélange. Autre prestation étonnante : celle de São Clemente, autour du Roi-Soleil, avec assiettes, bosquets et animaux délirants.

Mais la fête n’est pas loin de basculer dans le drame avec un accident de char pour Unidos da Tijuca : l’étage supérieur de l’un des chars s’est effondré dans la zone de départ, entraînant avec lui plusieurs danseurs. Nos voisins brésiliens nous informent de la situation, et l’une d’entre elle fond en larmes, ignorant si son fils se trouve sur ce char. Après de longues minutes d’angoisse, où les secours interviennent pour évacuer les blessés, le défilé reprend : the show must go on…La veille, un autre accident s’était déjà produit : plusieurs personnes avaient été percutées et blessées par un char ayant perdu le contrôle sur la piste. Et d’autres incidents de moindre gravité ont émaillé les deux soirées.

Le carnaval est chose sérieuse : retransmis en direct à la télévision, il suscite un engouement aussi fort que celui pour le football. Comme au stade, les écoles ont leurs supporters, qui arborent maillots et drapeaux. Et les enjeux sont énormes. Plusieurs affaires ont terni l’image du carnaval ces dernières années, liées notamment au financement des écoles. L’annonce des résultats se fait traditionnellement le mercredi des Cendres. Au final, cette année, c’est Portela qui remporte la couronne, suivi par Mocidade, et aucune école ne sera reléguée dans le groupe inférieur, suite au deux accidents importants qui ont grandement pénalisé les écoles concernées. En 2018, il y aura donc exceptionnellement 13 candidats à concourir pour le titre de champion ans le cercle très fermé des écoles les plus prestigieuses. Marcello Crivella, le maire de Rio, de confession évangéliste, a quant lui boudé les festivités cette année, prétextant une grippe.
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Sur les murs de São Paulo, la “guerre du spray” fait rage

São Paulo est depuis longtemps une référence dans le monde du street art. Mais la ville brésilienne connaît un nouvel épisode dans la guerre sans fin qui oppose les graffeurs et tagueurs aux politiques.




Depuis les années 1980, le street art est une composante incontournable du paysage urbain de São Paulo. Façades d’immeubles, stores de magasins, bâtiments désaffectés ou murs sous les ponts routiers : tout est support potentiel d’expression.
Certains secteurs sont désormais devenus des sites d’intérêt touristique, promus par la municipalitéou par des associations qui organisent des visites guidées. Parmi les lieux emblématiques : l’avenue 23 de Maio, le quartier du Centro et le “Beco do Batman”, un entrelacs de ruelles à Vila Madalena qui ressemble à un musée en plein air où les œuvres sont renouvelées régulièrement et où se pressent les visiteurs.

La rue, terrain de jeu des pichadores et grafiteiros

La culture street art, étroitement liée au hip-hop, s’affirme comme une appropriation directe de l’espace urbain par sa population et prend de multiples formes : tags, graffitis, pichaçõesbombs et murales (commandées et autorisées).

Lorsqu’on arrive à SP, difficile de ne pas remarquer les pichações, ces lettres au style caractéristique, souvent de couleur noire, réalisées dans des lieux plutôt difficiles à atteindre. Cette pratique, une forme de contestation née sous la dictature dans les années 1980, est considérée comme illégale. Sur fond d’injustice sociale, il s’agit pour les pichadores d’écrire le plus haut possible, à différents endroits, pour être vu et pour marquer son territoire.
On les oppose généralement aux grafiteiros, à présent reconnus comme des artistes, aujourd’hui soutenus par le public. Modestes ou de grande envergure, inventives et militantes, leurs productions offrent une diversité de styles et de thèmes. Quelques Paulistanos ont d’ailleurs acquis une belle renommée internationale et sont invités à produire et à exposer aux Etats-Unis et en Europe : Os GêmeosNuncaNinaZezãoSpeto et bien d’autres…

Doria et la guerra do spray

Le phénomène ne laisse pas indifférent. Adeptes ou détracteurs, les habitants ont leur avis. A commencer par le nouveau prefeito (maire) João Doria, qui a déclaré la guerre aux graffeurs et tagueurs.

Dès son entrée en fonction, le 1er janvier dernier, il s’est attaqué au nettoyage des murs de la ville. Pour marquer le coup sur le terrain médiatique, il a officiellement lancé l’opération Cidade Linda (belle ville) revêtu de la tenue des employés municipaux, sur la 23 de Maio, avec pour objectif de recouvrir de peinture grise cette œuvre géante, financée par le précédent prefeito. 
Les réactions ne se sont pas fait attendre, de soutien mais aussi de désapprobation.
Face au tollé, marche arrière : M. Doria a ensuite annoncé des mesures pour appuyer l’expression des grafiteiros et muralistas, comme le MAR, Museu de Arte de Rua, qui soutiendra des projets de street artistes, ainsi qu’une Escola do Grafite. Evoquant une erreur de jugement, il a regretté que les oeuvres n’aient pas été photographiées avant d’être effacées. Mais il a réaffirmé son intransigeance face aux pichadores : 102 personnes ont été emprisonnés depuis le 2 janvier. 
La situation ne semble donc pas vraiment apaisée et cette guerre risque de perdurer. L’avenue 23 de Maio, connue jusque-là comme la plus grande œuvre murale d’Amérique latine, est quant à elle maintenant l’objet de toutes les attentions de la part de la municipalité. Mais ce sont depuis quelques jours des plantes qui recouvrent ses murs…
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jeudi 13 avril 2017

Brésil: l'art de la guerre appliqué à la vente d'armes


Il n'a aucun ennemi connu et pourtant cette semaine, à l'occasion d'un salon de la défense à Rio, le Brésil exhibe le savoir-faire de ses fabricants d'armes, en quête de nouveaux marchés dans un monde ravagé par les guerres.
Parmi les 650 entreprises qui exposent au salon baptisé LAAD, 150 sont brésiliennes, avec une offre des plus variées, allant des avions-cargos aux balles traçantes.
Ce secteur pèse au Brésil 200 milliards de réais par an (environ 64 milliards de dollars), l'équivalent de 3,7% du PIB du géant latino-américain.
Dans le stand du fabriquant d'armes Taurus, les intéressés empoignent des fusils d'assaut dernier cri pour les inspecter sur toutes les coutures, les pointant vers des cibles imaginaires.
D'autres visiteurs en treillis revêtent des gilets pare-balle chez Glagio do Brasil alors que des curieux montent à bord d'un bateau pneumatique muni d'armes automatiques de la firme DGS Défense.
Une autre entreprise locale a le vent en poupe: Condor, spécialisée dans les armes non létales. Deux officiers de la République démocratique du Congo en uniforme y scrutent notamment des balles de caoutchouc dont un des modèles répond au nom curieux de "soft punch" (léger coup de poing en anglais).
"Nous sommes déjà présents dans le monde arabe et nous ciblons le marché asiatique, qui a un fort potentiel pour le moment inexploré", explique Marco Senna, représentant de Condor dans le salon.
Le Brésil ne participe pas directement aux conflits armés actuels mais son industrie de la défense permet d'assurer 30.000 emplois directs et 120.000 indirects, selon les chiffres officiels.
- 'Raging Bull' -
C'est dans ce sens que le gouvernement souhaite conquérir de nouveaux territoires, dans un marché qui est habituellement la chasse gardée des États-Unis, de la Russie, de la France ou de la Grande-Bretagne.
Cette semaine, le ministre de la Défense, Raul Jungmann, a annoncé que la Banque nationale de développement (BNDES) allait proposer des conditions de crédit favorables pour des pays désireux de se fournir en armes brésiliennes.
"Nous vivons de nos jours une période de réarmement. Le marché de la défense est en pleine expansion et le Brésil doit se donner les moyens de concurrencer les autres pays sur un pied d'égalité", a expliqué le ministre à des journalistes.
Cette course effrénée à la vente d'armes n'est pas dénuée de polémiques.
Taurus, qui a installé une usine à Miami pour fabriquer des armes de poing civiles comme le "Raging Bull", a été impliqué récemment dans une affaire de vente illégale à un marchand d'armes yéménite, même si aucune accusation formelle n'a été formulée.
Robert Muggah, directeur de recherche de l'Institut Igarape de Rio, affirme que des bombes à fragmentation fabriquées au Brésil ont été utilisées au Yémen, un pays touché par des sanctions de l'ONU.
"Le Brésil est particulièrement non transparent au moment de rendre compte de la destination de ses armes et de l'usage qui en est fait", dénonce-t-il.
- La crise mise à profit -
Le chercheur cite aussi l'utilisation d'armes brésiliennes pour la répression de manifestations dans d'autres d'autres pays mis en cause pour le non respect des droits de l'homme, comme le Bahrein.
Le gouvernement assure que toutes les ventes d'armes à l'étranger sont contrôlées de façon rigoureuse mais aucune donnée officielle n'est disponible à ce sujet.
Selon M. Muggah, le Brésil est un "acteur de taille moyenne" dans le marché global de l'armement mais "une puissance majeure en ce qui concerne les armes de poing, les armes légères et les munitions, figurant régulièrement parmi les cinq principaux exportateurs mondiaux".
Le pays est plongé dans la pire récession de son histoire mais la crise a permis indirectement au secteur de l'armement de faire quelques bonnes affaires.

"Il y a trois ou quatre ans, le gaz lacrymogène était encore importé", rappelle Mauricio Lima, représentant du syndicat de fabricants d'armes SIMDE. "Mais ce contexte de crise, avec toutes ces manifestations, a incité les entreprises brésiliennes à développer leurs propres produits et maintenant, nous les exportons vers d'autres pays", conclut-il.
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Brésil : dénouement proche pour la concession du Maracanã

Le Maracana pourrait prochainement basculer sous l'égide du groupe français Lagardère Sports, seul en lice pour en gérer l'exploitation.




Les négociations pour la concession du stade Maracana de Rio de Janeiro se rapprochent d'un dénouement alors que le groupe français Lagardère Sports est seul en lice, malgré des rumeurs d'un nouvel appel d'offres. Plusieurs médias brésiliens annoncent jeudi que Lagardère a déjà signé un accord pour gérer le temple du football brésilien jusqu'en 2048, une information démentie par une source de l'entreprise proche du dossier.

«Les négociations avancent doucement et sûrement mais rien n'a été signé», a affirmé cette source. Le Maracana est actuellement géré par le groupe Maracana SA, contrôlé par le géant du BTP Odebrecht, qui cherche à passer la main depuis des mois, après avoir accusé 173 millions de réais (plus de 50 millions d'euros) de pertes cumulées entre 2013 et fin 2015. Lagardère, qui avait déjà participé au premier appel d'offres pour la concession du stade, en 2013, doit encore négocier les termes du contrat de succession avec Odebrecht et obtenir l'aval de l'État de Rio.

La menace de Flamengo

Mercredi, le journal O'Globo indiquait que le gouverneur de Rio pensait lancer un nouvel appel d'offres, qui rendrait caduques les négociations entre Lagardère et Odebrecht. Lagardère Sports fait face notamment à l'opposition de Flamengo, club le plus populaire du Brésil, qui a déjà annoncé à plusieurs reprises qu'il refuserait de jouer dans le stade s'il était administré par le groupe français, réclamant un modèle de gestion qui donne plus de pouvoirs aux clubs. Le Maracana est resté à l'abandon pendant plus de trois mois, à cause d'un imbroglio politico-juridique qui oppose le concessionnaire actuel au comité organisateur des JO 2016 et n'a reçu qu'une poignée de matches cette année.
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São Paulo/Rio, sœurs ennemies ?

A grand renfort de stéréotypes, les habitants des deux plus grandes villes du Brésil jouent aux comparaisons et assument leurs différences. Décryptage.



Distantes de seulement 430 kilomètres, donc autant dire voisines sur un territoire aussi immense que le Brésil, São Paulo et Rio de Janeiro nourrissent une vieille rivalité qui se retrouve dans tous les domaines.
Je vous résume : d’un côté, Rio, la cidade maravilhosa (ville merveilleuse), destination incontournable des touristes, qui cherche l’équilibre, entre attraits et dangers : plages, caïpirinha et samba, mais aussi favelas et insécurité. De l’autre, “Sampa”, São Paulo, capitale économique du Brésil et terra da garoa  (bruine). Moins de magie certes, et mégalopole tentaculaire, avec bouchons, pollution et autres désagréments à la clé. Pas vraiment de quoi soutenir la comparaison au départ mais SP offre pourtant aussi bien des points forts.

Carioca, ou l’art d’être malandro

Les Brésiliens eux-mêmes usent des stéréotypes pour se décrire et se moquer des traits des habitants des différentes régions du pays, à travers piadas (blagues) et caricatures, où l’on retrouve généralement le gaúcho (du sud), le nordestino, le baiano (de Salvador), le mineiro (du Minas Gerais), et bien sûr cariocas  et paulistanos.
Ici, à São Paulo, pas de doute, le carioca a mauvaise réputation. Facilement identifiable, y compris pour la néophyte que je suis, avec sa prononciation du “s” à la manière portugaise (=“ch”) et du “r” à la française, il est souvent dépeint comme un individu malhonnête, fainéant, cherchant immanquablement à vous arnaquer ou à profiter de la situationC’est ainsi qu’on me le décrit dans les conversations anodines du quotidien. Oui, les clichés ont la vie dure… Exemple de plaisanterie avec un sketch sur les chauffeurs de taxis cariocas (sous-titres en anglais).
Dans la culture populaire, littérature, cinéma ou chanson, le carioca est malandro, malin et a priori mal intentionné, une caractéristique parfois source de fierté pour les individus concernés. En témoigne le personnage de Zé Carioca, un perroquet brésilien inventé par Disney, sympathique mais aussi authentique malandro.

Sur le terrain… et dans l’assiette

Paysage, climat, musique, codes, langage, les différences ne manquent pas : paulistanos et cariocas cherchent à se distinguer, à affirmer une personnalité, un style de vie. Sans surprise, on retrouve ce duel sur les terrains de football. Plusieurs clubs des deux cités s’affrontent en effet chaque année dans le championnat national. Avantage pour l’instant à SP avec le plus grand nombre de titres remportés.
Les habitants de São Paulo éprouveraient-ils une pointe de jalousie face à Rio, qui fut la capitale du Brésil de 1763 à 1960 ?  Ironie du sort, les traditionnels feijão (haricots), aliment de base consommé dans le pays tout entier, ne sont pas les mêmes dans les deux cités : preto (noir) à Rio, ce sont les marrom qui sont plébiscités à SP, plus couramment appelés cariocas
Cet antagonisme s’explique sans doute par une véritable différence de culture, liée à l’histoire, à la géographie et à la population de chacune. Je n’ai pour l’instant qu’une version de la situation mais il est certain que les habitants de Rio ont largement de quoi dire aussi sur leurs camarades paulistanos : arrogants, pressés et stressés !
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Un pays où la science n’est pas misogyne

Une étude comparative sur la place des femmes dans la recherche scientifique révèle de très bons résultats au Brésil. Ces vingt dernières années, le pays a considérablement réduit l’écart entre les hommes et les femmes en la matière. 



Le Brésil est en tête d’affiche mondiale pour la place des femmes dans la science, surpassant à cet égard les États-Unis, le Royaume-Uni et les pays de l’Union européenne”, constate le magazine américain Forbes dans un article consacré à une étude de l’éditeur scientifique Elsevier sur “Le genre dans le paysage de la recherche mondiale”.
Le Brésil émerge en effet en tête de classement de cette étude comparative sur plusieurs critères déterminants pour mesurer la place des femmes dans la science. L’échantillon inclut les États-Unis, le Canada, les membres de l’Union européenne, le Royaume-Uni, l’Australie…
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