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vendredi 14 avril 2017

Rio à l’heure du carnaval

Célèbre dans le monde entier, le défilé des écoles de samba de Rio attire la foule chaque année, du Brésil et d’ailleurs. Au programme, fête et compétition, imagination débridée et exubérance.



Dans mon dernier billet, je vous faisais partager un peu de cette incroyable ambiance qui anime nuit et jour les rues de Rio pendant le carnaval. Mais Rio, c’est bien sûr aussi le Sambodrome qui accueille le défilé des 12 meilleures écoles de samba de la ville. Celles-ci s’affrontent lors de deux soirées consécutives, devant des dizaines de milliers de spectateurs. Récit.
Un spectacle qui se mérite : l’achat (épique) des billets

Bien décidée à vivre pleinement l’expérience de ce premier carnaval, je me lance dans le processus d’achat des billets dès le mois de janvier, soit plus d’un mois avant le carnaval. J’effectue quelques recherches et je décide finalement de ne pas passer par une agence de tourisme, mais de les prendre directement à la Liga Independente das Escolas de Samba (Liesa). Rien de bien compliqué a priori. Mais, première information importante : pas de vente en ligne et pas de vente directe non plus à Rio. Renseignements pris, tout se fait par téléphone.

Là, ça se complique pour moi : il me faut donc appeler, en espérant qu’avec mon portugais hésitant je puisse faire une demande claire et que je comprenne bien en retour toutes les consignes… Mais problème : aucun de mes appels au call center n’aboutit. J’imagine déjà le standard débordé et la perspective d’avoir des places s’éloigner. Misère, c’est moi qui suis chargée de les acheter pour plusieurs amis !

Le service des informations que, par contre, j’arrive miraculeusement à joindre, m’explique que je ne compose tout simplement pas le bon indicatif. Ah, ben voilà… Effectivement, il y a quelques subtilités dans le système téléphonique local que je ne maîtrise pas encore. Je vous résume : tout dépend de là où vous vous trouvez, de là où vous voulez appeler et de votre opérateur… Bref, me voilà prévenue. Victoire, j’obtiens enfin le call center, où très aimablement on m’explique que je suis en train d’effectuer une réservation qui ne sera validée qu’une fois le paiement reçu (ça, j’ai très bien compris !). Pas question de payer par téléphone, il faut faire un dépôt à la banque. Mais pas dans n’importe quelle banque évidemment, uniquement en cash et dans le délai imparti (soit un jour)… Ça tombe bien, je suis en vacances.

Il me faudra ensuite patienter (seulement) une dizaine de jours pour recevoir enfin le courrier électronique tant espéré, avec LA confirmation définitive.
Jusqu’au bout de la nuit

Ultime étape : retirer les billets à Rio avant/ou le jour J. Autant dire du gâteau…Une fois nos précieux sésames en main, nous faisons quelques emplettes pour compléter notre équipement pour la soirée : capa de chuva (poncho en plastique) et almofada (coussin) jetable. Il est 22 heures. Hymne national repris par la foule, puis Cidade Maravilhosa, hymne de la ville de Rio. La compétition peut commencer.

Six écoles se succèdent, chacune ayant soixante-quinze minutes pour sa prestation, et nous tenons vaillamment le coup jusqu’au bout. Beija-Flor, la dernière école, commence sa parade alors que le jour se lève… Les thèmes choisis sont variés et parfois engagés, comme c’est la cas pour l’école Imperatriz Leopoldinense, qui a souhaité mettre en avant les tribus indiennes et les travers de l’agrobusiness qui les menace.

Musique entraînante des baterias, exubérance des costumes, profusion de couleurs (avec une bonne dose de plumes et de paillettes), originalité des mises en scène et des chars : le spectacle est extraordinaire et total. Émerveillés, nous nous laissons gagner par l’enthousiasme de nos voisins dans les gradins, qui entonnent la chanson officielle de chaque école.

Beaucoup de choses, cependant, nous échappent. Nos yeux de néophytes ne voient pas les fautes commises et ont bien du mal à évaluer les différents critères pris en compte par les juges. Peu importe ! Nous quittons le Sambodrome au petit matin, mi-grisés mi-épuisés. Puis, après un énorme petit déjeuner plus que mérité, extinction des feux à 7 h 30…



Le spectacle à tout prix

Deuxième soirée. Nous avons cette fois-ci prévu notre ravitaillement. Parmi les six écoles qui défilent, mon coup de cœur sera pour Mocidade Independente, qui a choisi le thème des “Mille et une nuits de Marrakech”. Évidemment, après quelques années passées au Maroc, je suis particulièrement emballée par cette parade, qui revisite les contes orientaux (pas franchement marocains, soit dit en passant) avec une touche brésilienne. Théières, porteurs d’eau, vendeurs du souk, Aladin et Sindbad : le résultat est un curieux et plaisant mélange. Autre prestation étonnante : celle de São Clemente, autour du Roi-Soleil, avec assiettes, bosquets et animaux délirants.

Mais la fête n’est pas loin de basculer dans le drame avec un accident de char pour Unidos da Tijuca : l’étage supérieur de l’un des chars s’est effondré dans la zone de départ, entraînant avec lui plusieurs danseurs. Nos voisins brésiliens nous informent de la situation, et l’une d’entre elle fond en larmes, ignorant si son fils se trouve sur ce char. Après de longues minutes d’angoisse, où les secours interviennent pour évacuer les blessés, le défilé reprend : the show must go on…La veille, un autre accident s’était déjà produit : plusieurs personnes avaient été percutées et blessées par un char ayant perdu le contrôle sur la piste. Et d’autres incidents de moindre gravité ont émaillé les deux soirées.

Le carnaval est chose sérieuse : retransmis en direct à la télévision, il suscite un engouement aussi fort que celui pour le football. Comme au stade, les écoles ont leurs supporters, qui arborent maillots et drapeaux. Et les enjeux sont énormes. Plusieurs affaires ont terni l’image du carnaval ces dernières années, liées notamment au financement des écoles. L’annonce des résultats se fait traditionnellement le mercredi des Cendres. Au final, cette année, c’est Portela qui remporte la couronne, suivi par Mocidade, et aucune école ne sera reléguée dans le groupe inférieur, suite au deux accidents importants qui ont grandement pénalisé les écoles concernées. En 2018, il y aura donc exceptionnellement 13 candidats à concourir pour le titre de champion ans le cercle très fermé des écoles les plus prestigieuses. Marcello Crivella, le maire de Rio, de confession évangéliste, a quant lui boudé les festivités cette année, prétextant une grippe.
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