Distantes de seulement 430 kilomètres, donc autant dire voisines sur un territoire aussi immense que le Brésil, São Paulo et Rio de Janeiro nourrissent une vieille rivalité qui se retrouve dans tous les domaines.
Je vous résume : d’un côté, Rio, la cidade maravilhosa (ville merveilleuse), destination incontournable des touristes, qui cherche l’équilibre, entre attraits et dangers : plages, caïpirinha et samba, mais aussi favelas et insécurité. De l’autre, “Sampa”, São Paulo, capitale économique du Brésil et terra da garoa (bruine). Moins de magie certes, et mégalopole tentaculaire, avec bouchons, pollution et autres désagréments à la clé. Pas vraiment de quoi soutenir la comparaison au départ mais SP offre pourtant aussi bien des points forts.
Carioca, ou l’art d’être malandro
Les Brésiliens eux-mêmes usent des stéréotypes pour se décrire et se moquer des traits des habitants des différentes régions du pays, à travers piadas (blagues) et caricatures, où l’on retrouve généralement le gaúcho (du sud), le nordestino, le baiano (de Salvador), le mineiro (du Minas Gerais), et bien sûr cariocas et paulistanos.
Ici, à São Paulo, pas de doute, le carioca a mauvaise réputation. Facilement identifiable, y compris pour la néophyte que je suis, avec sa prononciation du “s” à la manière portugaise (=“ch”) et du “r” à la française, il est souvent dépeint comme un individu malhonnête, fainéant, cherchant immanquablement à vous arnaquer ou à profiter de la situation. C’est ainsi qu’on me le décrit dans les conversations anodines du quotidien. Oui, les clichés ont la vie dure… Exemple de plaisanterie avec un sketch sur les chauffeurs de taxis cariocas (sous-titres en anglais).
Dans la culture populaire, littérature, cinéma ou chanson, le carioca est malandro, malin et a priori mal intentionné, une caractéristique parfois source de fierté pour les individus concernés. En témoigne le personnage de Zé Carioca, un perroquet brésilien inventé par Disney, sympathique mais aussi authentique malandro.
Sur le terrain… et dans l’assiette
Paysage, climat, musique, codes, langage, les différences ne manquent pas : paulistanos et cariocas cherchent à se distinguer, à affirmer une personnalité, un style de vie. Sans surprise, on retrouve ce duel sur les terrains de football. Plusieurs clubs des deux cités s’affrontent en effet chaque année dans le championnat national. Avantage pour l’instant à SP avec le plus grand nombre de titres remportés.
Les habitants de São Paulo éprouveraient-ils une pointe de jalousie face à Rio, qui fut la capitale du Brésil de 1763 à 1960 ? Ironie du sort, les traditionnels feijão (haricots), aliment de base consommé dans le pays tout entier, ne sont pas les mêmes dans les deux cités : preto (noir) à Rio, ce sont les marrom qui sont plébiscités à SP, plus couramment appelés cariocas…
Cet antagonisme s’explique sans doute par une véritable différence de culture, liée à l’histoire, à la géographie et à la population de chacune. Je n’ai pour l’instant qu’une version de la situation mais il est certain que les habitants de Rio ont largement de quoi dire aussi sur leurs camarades paulistanos : arrogants, pressés et stressés !
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